De même pour Claude Lefort, « l'un des apports majeurs de Machiavel réside dans la reconnaissance de la fécondité potentielle de l'antagonisme social »[137]. Le mot vient du latin vir qui « caractérise l'homme au sens le plus noble du terme »[165]. Toutefois, Pocock se focalise principalement sur la participation des citoyens à la vie politique[205] en oubliant d'aborder la question de l'ordre institutionnel et légal chez Machiavel, un sujet que traitera Maurizio Viroli en 1998. Machiavel écrit à ce propos[199] : « Chacun sait avec quelle prudence et quelle circonspection Fabius Maximus dirigeait son armée, bien éloigné en cela de l’impétuosité et de l’audace accoutumée des Romains ; et sa bonne fortune voulut que cette conduite se trouvât conforme aux temps […] Si Fabius eût été roi de Rome, il eût peut-être été vaincu dans cette guerre, parce qu’il n’aurait pas su varier la manière de la faire conformément à la diversité des temps, mais il était né dans une république où il existait diverses espèces de citoyens et des caractères différents : ainsi, de même que Rome posséda Fabius, homme on ne peut pas plus propre pour les temps où il fallait se borner à soutenir la guerre, de même elle eut ensuite Scipion pour les temps où il était nécessaire de triompher[C 13]. Le prince, devant donc agir en bête, tâchera d’être tout à la fois renard et lion : car, s’il n’est que lion, il n’apercevra point les pièges ; s’il n’est que renard, il ne se défendra point contre les loups ; et il a également besoin d’être renard pour connaître les pièges, et lion pour épouvanter les loups. La dernière modification de cette page a été faite le 23 décembre 2020 à 18:08. L'idée générale semble être la volonté de Machiavel de redécouvrir les valeurs des anciens, valeurs que le christianisme a eu tendance à assimiler à des vices, de sorte que dans les Discours il ne cherche pas seulement à présenter la vertu antique, mais aussi à la réhabiliter « face à la critique chrétienne ». Selon ces auteurs, « Machiavel crut découvrir la preuve éclatante qu'un but trop ambitieux pouvait mener l'homme à la bestialité. Hans Baron, Isaiah Berlin et John Greville Agard Pocock proposent une interprétation qui permet de réintroduire la pensée du Florentin dans les débats politiques contemporains[262]. Quand la papauté quitte Avignon et retourne à Rome en 1377, elle veut étendre ses États et devient donc une menace pour l'autonomie des cités-États[183]. Il sera cité par Montaigne ainsi que par le maréchal de Saxe dans ses Rêveries sur l'art de la guerre. Toutefois si Machiavel accepte pour l'essentiel la vision d'Adriani sur Lucrèce, il se différencie de Lucrèce sur un point clé. Ceux qui s’en tiennent tout simplement à être lions sont très-malhabiles », « Ainsi Rome a été libre quatre siècles et était armée, Sparte huit siècles ; bien d'autres cités ont été désarmées et libres moins de quarante ans, « Ainsi s'énonce cette thèse toute nouvelle : il y a dans le désordre même de quoi produire un ordre ; les appétits de classe ne sont pas nécessairement mauvais puisque de leur entrechoc peut naître une cité », « un discours sur la primauté des moyens sur les fins, mais une véritable réflexion sur les conditions de possibilité de la liberté politique », « le fit donc conjurer par deux députés de sacrifier ses haines personnelles à l'intérêt public… L'amour de la patrie l'emporta dans le cœur de Fabius, quoique l'on vît par son silence et par beaucoup d'autres preuves, combien il lui coûtait de faire cette nomination », « mettre à jour les failles d'une pensée exclusivement juridique et libérale », « connue, étudiée, discutée comme peu d'autres le furent dans l'histoire », « Le scandale que suscite l'image du prince, gouvernant à sa guise, indifférent aux préceptes chrétiens, tout occupé à user de ses sujets aux fins de sa gloire ou de son plaisir a d'autres résonances que strictement religieuses. L'œuvre se diffuse rapidement, grâce au développement de l'imprimerie. La politique chez Machiavel : science pure, science humaine ou art ? Enfin, elle exige que les hommes politiques recourent à la virtù, un des concepts clés de sa pensée, qui désigne l'habileté, la puissance individuelle et le flair, permettant de passer outre à la force aveugle de la mauvaise fortune et d'innover afin que l'État puisse faire face aux défis qui se présentent. Parce que dans le corps de toute cité on trouve ces deux humeurs : cela vient de ce que le peuple désire n'être pas commandé ni opprimé par les grands, et que les grands désirent commander et opprimer le peuple. Si le recours à la force est une possibilité clairement admise, la politique requiert également des capacités rhétoriques de façon à convaincre les autres. Lille Cambrai, […] Et quant à la justice, si Machiavel eût tant soit peu jeté les yeux sur les bons auteurs, il eût trouvé que Platon intitule ses livres de la République, les livres de la Justice, comme étant, elle, l'un des plus fermes piliers de toutes Républiques[222]. Si les notions de fortuna et de virtù sont si importantes chez Machiavel, c'est, selon Pocock, parce que le livre Le Prince traite surtout des innovateurs en politique, pas des princes héritiers de longues dynasties qui bénéficient d'une « légitimité traditionnelle »[174]. L’ozio, e l’ozio arde i paesi, e le ville. Niccolo Machiavel ou Machiavelli est un historien et écrivain politique italien, né à Florence le 3 mai 1469, mort à Florence le 22 juin 1527. U19 Hac, Pour le philosophe allemand Ernst Cassirer (1946), Machiavel adopte l'attitude d'un homme de science politique, il est le Galilée de la politique, qui distingue entre les faits de la vie politique et les valeurs des jugements moraux[95]. Attribuant un rôle central aux passions et aux intérêts dans les affaires humaines, il établit une distinction entre vertu morale et vertu (virtù) politique[233]. C'est aussi un livre où il prête une grande attention à la monarchie française, perçue comme ce qui se fait de mieux en tant que monarchie tempérée par les lois et les parlements[46]. En revanche, quand l'heure est à l'offensive, c'est Scipion l'Africain qui possède les qualités (virtù) adéquates. Machiavel fréquente les réunions politiques et culturelles des Orti-Oricellari, y lit des passages de ses oeuvres et exerce sur la jeune génération une influence politique importante. ». Nicolas Machiavel, Le Prince, XVII. Il écrit aussi divers poèmes et pièce satiriques : « toutes présentent le même caractère de force, de colère, d'esprit satirique, de dispositions amoureuses, de plaintes sur son sort malheureux »[23]. Pour Augustin Renaudet, Le Prince est le « bréviaire de l'absolutisme »[35], c'est-à-dire une analyse des méthodes par lesquelles un homme ambitieux peut s'élever au pouvoir[36]. Celui qui gouverne l'univers permet cet ordre de choses, afin que rien ne soit ou ne puisse être stable sous le soleil[127],[C 4]. Pour Adams, Machiavel a eu aussi le mérite de restaurer l'emprise de la raison empirique en politique. Par là, il cherche à « mettre à jour les failles d'une pensée exclusivement juridique et libérale ». La virtù est un concept important parce que c'est la qualité que doivent posséder ou développer les hommes ou femmes politique dignes de ce nom, c'est-à-dire capables de sauvegarder l'État et de réaliser de grandes choses[168]. Plusieurs raisons ont poussé Machiavel à écrire l'Art de la guerre paru en août 1521[59]. En 1518, il effectuera une mission pour les Médicis, il est engagé par l'Université de Pise (par le cardinal Jules de Médicis qui deviendra Pape en 1523 … La dédicace du livre est fort explicite : « Ceux qui désirent gagner les bonnes grâces d'un prince, ont généralement coutume de se présenter à lui avec ceux de leurs biens auxquels ils attachent le plus de prix […] Désirant donc pour ma part m'offrir à Votre Magnificence avec quelque témoignage de mon respectueux dévouement à Son endroit, je n'ai trouvé parmi mes biens rien à quoi je tienne ou que j'estime autant que la connaissance des actions des grands hommes, telle que je l'ai acquise des choses modernes par une longue expérience et des antiques par une lecture assidue », — Dédicace du Prince à Laurent II de Médicis[18],[C 1]. Bien qu'il ne soit pas toujours mentionné comme une source d'inspiration en raison des controverses qui entourent son nom, Machiavel marque également en Angleterre la pensée d'autres philosophes majeurs tels Hobbes ou Locke[228]. Cependant, il n'a jamais été ambassadeur, une tâche réservée aux membres des familles les plus en vue. 70 citations de Nicolas Machiavel - Ses plus belles pensées Citations de Nicolas Machiavel Sélection de 70 citations et phrases de Nicolas Machiavel - Découvrez un proverbe, une phrase, une parole, une pensée, une formule, un dicton ou une citation de Nicolas Machiavel issus de romans, d'extraits courts de livres, essais, … Durant toutes ces années, il observe de près la mécanique du pouvoir et le jeu des ambitions concurrentes. L'homme d'État : quelles qualités et quelles expertises pour Machiavel ? Théoricien de la politique, de l'histoire et de la guerre, mais aussi poète et dramaturge, il a été pendant quatorze ans fonctionnaire de la République florentine pour laquelle il a effectué plusieurs missions diplomatiques, notamment auprès de la papauté et de la cour de France. En France, Jean de La Fontaine a introduit dans son dernier recueil de fables une adaptation du conte de Machiavel Belphégor archidiable sous le titre Belphégor (1682)[218] ; il a aussi adapté sa pièce La Mandragore sous la forme d'un conte en vers portant le même titre[219]. En raison de la radicalité de la pensée de Machiavel, l'historien estime que le vrai fondateur de la philosophie politique moderne est Thomas Hobbes, qui en quelque sorte adoucira la pensée du Florentin[80]. Guichardin, un de ses correspondants attirés, publiera plus tard des Considerazioni sui Discorsi del Machiavelli[24]. Psg Barcelone 1995, Quoi qu'il en soit, dans une réflexion commencée à la fin des années 1930, Aron voit l'essence du totalitarisme « dans la conjonction du machiavélisme et du messianisme, du cynisme et du fanatisme, dans la perversion conjointe de la science et de la religion »[98]. Il n'y a plus de nos jours la même nécessité de résister à l'ennemi […] Aujourd'hui, la vie des vaincus est presque toujours respectée… Une ville a beau se révolter vingt fois, elle n'est jamais détruite », « une condamnation radicale du christianisme », « Machiavel crut découvrir la preuve éclatante qu'un but trop ambitieux pouvait mener l'homme à la bestialité. Au contraire pour Pocock[54], Baron[55] et Quentin Skinner, au-delà d'éléments communs — « même polarité entre virtù et fortuna, même importance de la force brute pour triompher de l'adversité et même morale politique fondée sur la virtù » —, les deux livres ne sont pas centrés sur la même « valeur de base ». De plus, la bataille du Garigliano le 28 décembre entraine l’abandon de Naples par les Français, et la mort de Pierre II de Médicis.La République florentine est inquiète du départ des Français, et envoie Machiavel dans le royaume de Louis XII en 1504. Parce que l'ouvrage ne donnait pas de conseils … Hamilton quant à lui a appris de Machiavel l'influence importante qu'a la politique étrangère sur la politique intérieure. Pour durer dans le temps, une république peut dresser une architecture institutionnelle destinée à résister à la corruption liée au temps. Pour cet historien de la philosophie politique, chez Machiavel, tout comme chez Hobbes ensuite, « au commencement, il n'y a pas l'Amour, mais la Terreur »[44]. En général en Allemagne, au XIXe siècle, les auteurs préfèrent mettre en avant le patriotisme de Machiavel et éviter les sujets plus sensibles. Sogiono, el più delle volte, coloro che desiderano acquistare grazia appresso un Principe, farseli incontro con quelle cose che infra le loro abbino più care,[…] Desiderando io, adunque, offrirmi alla Vostra Magnificenzia con qualche testimone della servitù mia verso di quella, non ho trovato, intra la mia suppellettile, cosa quale io abbi più cara o tanto esistimi quanto la cognizione delle azioni degli uomini grandi, imparata da me con une lunga esperienza delle cose moderne e una continua lezione delle antique. Durant cette période, il se livre aussi à la littérature pour égayer cette compagnie d'amis. Enfin, Machiavel n'est pas un scientifique entendu au sens de personne refusant de recourir au surnaturel car la fortune (le sort) revêt chez lui une importance certaine[104]. Il a lu les Discours, mais ce sont les Histoires florentines et leur étude de l'évolution du système militaire italien qui retiennent le plus son attention. Il étudia avec passion ce renversement sans précédent qui, bien que surprenant dans ses excès, témoignait cependant d'une logique implacable »[134]. En 1515, il rédige la,Dans le même temps, il se met à écrire des pièces. Machiavel écrit à ce propos que le Sénat « le fit donc conjurer par deux députés de sacrifier ses haines personnelles à l'intérêt public… L'amour de la patrie l'emporta dans le cœur de Fabius, quoique l'on vît par son silence et par beaucoup d'autres preuves, combien il lui coûtait de faire cette nomination »[203],[C 15]. Les trois chapitres suivants portent sur la politique militaire dans les cas d'agression et de défense. L'essence de la politique réside dans l'étude de la façon d'utiliser le pouvoir afin d'assurer la sécurité de l'État, de se maintenir au pouvoir et d'être obéi par le peuple. Distance Perpignan - Bordeaux, Pont Du Golden Gate, Machiavel est surtout l'homme des missions exigeant la discrétion voire le secret, où il doit obtenir des informations et décrypter les intentions des dirigeants qu'il rencontre[7]. Machiavel, critique de l'art de l'État des Médicis, La gloire comme principe d'immortalité et de modération, Le républicanisme de Machiavel dans son contexte, Les avantages du républicanisme selon Machiavel, Débat démocratique, bien commun et république, Les enjeux du renouveau de la lecture républicaine de Machiavel, Saint Barthélemy, naissance du machiavélisme et du tacitisme au, Influence sur les Pères fondateurs de la République américaine, Mise en cause de Machiavel dans le déclenchement des deux guerres mondiales, Débat sur la responsabilité de Machiavel dans l'émergence des totalitarismes, Machiavel et l'espace démocratique du pouvoir, Renouveau d'intérêt pour les comédies de Machiavel, « il y a si peu de personnes ici qui veulent vous aider », « toutes présentent le même caractère de force, de colère, d'esprit satirique, de dispositions amoureuses, de plaintes sur son sort malheureux », « Le destin a fait le pire qu'il pouvait me faire. En juin 1509, Florence reconquiert Pise en partie grâce à l'armée qu'il a levée.

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